St Vincent-hors-les murs.         Majestueux mausolée

St Vincent monument baroque à Lisbonne

St Vincent hors les murs (São Vicente de fora) doit son nom à sa position géographique hors du périmètre de Lisbonne à l’époque médiévale.

St Vincent l’un des monuments les plus importants de Lisbonne fut érigé par la volonté de D. Afonso Henriques à partir de 1147 : le roi fondateur avait fait la promesse de construire une église et un couvent s’il gagnait la bataille de la reconquête sur les Arabes alors maîtres d’une grande partie du Portugal.

Aidé par les croisés venus en renfort de plusieurs pays d’Europe, le roi fut vainqueur et tint sa promesse.

Aujourd’hui le monument que l’on visite n’a plus grand-chose à voir avec l’édifice original.  Déjà le nom de Hors-les-murs n’est plus approprié. Et surtout le monastère fut complètement refait, d’abord en 1527 par la volonté du roi D. João III. Puis ensuite, au début du règne de Filipe Ier qui donnât à St Vincent son apparence actuelle : celle d’un Panthéon, d’un mausolée royal et religieux.

L’ancien monastère propose des visites guidées thématiques. Et celle que nous suivons ici est intitulée « Enterrements à São Vicente ». Elle permet de pénétrer dans des pièces interdites au public en général.

À peine arrivé dans l’un des cloîtres où le bleu des azulejos contraste avec le blanc de la pierre, la première surprise vient d’une gravure montrée par la guide : on y voit le monastère primitif, très différent de l’actuel bien évidemment. Mais sur ce dessin rare figure un cimetière : celui des croisés de D. Henriques ! On n’en est pas très sur cependant on trouvera de nouvelles références à cette question au cours de la visite.

Si les romains enterraient leurs morts loin de la ville, les chrétiens ont progressivement associer les deux mondes. Jusqu’à enterrer les morts dans les églises afin de les placer sous la protection divine.

Les mythes et les légendes, les rites et les bizarreries jalonnent le parcours de la visite.

La première surprise se trouve à l’intérieur de la sacristie richement décorée de marqueterie de marbre . Elle renferme une sépulture inattendue que seuls les visiteurs de « Enterrements à São Vicente » peuvent découvrir. Le sol fragile de la sacristie ne permet pas un piétinement trop important. Pourtant c’est bien sous nos pieds que se cache ce mystère.

On ne pourrait en dire plus sous peine de dévoiler le mystère.

À ne pas manquer, l’arche reliquaire, qui raconte l’histoire des  martyrs du Maroc. La fin tragique de sept enfants de 12 à 17 ans qui faisaient partis de la suite du jeune roi D. Sebastião, à la fameuse bataille d’Alcacer Quibir. Un bel ouvrage qui permet de comprendre l’importance des reliques (généralement corporelles) pour les églises.

St Vincent est un tombeau, un panthéon.

On y a rapatrié les sépultures des rois et reines de la dynastie des Bragance, conservés jusqu’à présent dans une petite salle. Les riches  mausolées qui ornent la salle dédiée à la dynastie royale impressionnent.

On peut y admirer le tombeau d’Amélie d’Orléans où son portrait en bas relief de marbre surmonté d’une couronne étoilée évoque curieusement la princesse Diane d’Angleterre.

Une pleureuse dans le plus pur art romantique des cimetières est penchée sur le tombeau du roi Dom Carlos et de son fils. Les marbres somptueux, les couronnes décoratives, les mystères autour de la famille royale… autant d’éléments révélés.

Dans une chapelle de l’un des cloîtres, on trouve une statuaire morbide et ses symboles : crâne, faucilles, et branches de cyprès pour symboliser l’immortalité. Cette chapelle reçoit les deux monuments funéraires consacrés aux  Enfants de Palhava (Meninos de Palhavã) fils bâtards du roi D João V qui les avait reconnus . Ils avaient donc pu bénéficier d’une sépulture royale.

Outre son décor macabre, la chapelle renferme dans son sol les viscères des rois portugais. La tradition de conserver à part les restes mortels des grands de ce monde s’est poursuivie très longtemps. Embaumées, les viscères nobles se sont parfois très bien conservées.

C’est ainsi que l’on découvrit que le roi mourut sous l’effet d’un poison, l’arsenic.

Les tomettes au sol conservent l’indication de ce qu’elles renferment. Et contribuent à appesantir la curieuse atmosphère qui règne dans cette curieuse chapelle.

Si la salle des Patriarches ne présente pas de grand intérêt architectural, elle impressionne par la présence des nombreux sarcophages des patriarches de l’église portugaise. Le patriarcat donne le rang de second personnage de l’église catholique derrière le Pape. Il en existe 5 dont celui de Lisbonne.

Le vrai temps fort de la visite  car il possède un côté mystérieux, se trouve derrière une porte, près de l’entrée du Panthéon. Elle ne s’ouvre que pour cette visite. C’est l’ossuaire. On y a trouvé entre autres les ossements des fameux chevaliers de Dom Henriques , probablement transférés du cimetière entraperçu  sur la gravure représentant le monastère primitif.  Cependant les chercheurs n’en ont pas apporté  la preuve. On pense aussi que l’on a entassé dans cet ossuaire (Carneiro de São Vicente) les ossements des victimes du terrible tremblement de terre du 1 er Novembre 1755.

Et sous l’empilement des ossements, les archéologues ont fait d’autres découvertes. Une lampe torche permet de les apercevoir et de  faire courir un petit frisson sur l’échine des visiteurs.

En suivant les couloirs de l’imposant monastère et en passant sous les arcades austères de ses cloitres, on découvre avec cette visite « Enterrements à São Vicente » les nombreuses légendes et mythes qui jalonnent l’histoire du Portugal : celle de la dynastie maudite, ou celle de ces mystérieux chevaliers de la reconquête. On apprend aussi pourquoi on retrouve des pièces de monnaie en or dans les tombes : la tradition remonte à l’Egypte antique où l’on plaçait de l’argent sur les yeux et le front du défunt momifié pour qu’il puisse payer son passage vers l’au-delà…

Les chrétiens ont eux développés le culte de la lanterne.

On dit que cette tradition puise son origine dans la fête celte de « Sanhaim » : le 1 er novembre traduit l’entrée en hibernation . Le passage entre la vie et la mort est le plus étroit : on éclaire les maisons et les tombes pour que les morts puisent venir visiter les vivants. On couvre les miroirs, on fait du feu et on allume les bougies pour ne pas qu’ils aient peur de leur propre reflet !

A la fin du parcours d’ « enterrements à St Vincent » les visiteurs peuvent librement accéder aux autres salles du monastère et grimper sur la terrasse qui offre une vue magnifique à 360 degrés sur Lisbonne.

Le monastère possède de nombreux autres  trésors  et des visites thématiques sont organisées régulièrement, un samedi par mois, à 11 h. Ces visites abordent différents thèmes : l’architecture, les arts, les azulejos…

Un supplément de deux euros est ajouté au droit d’entrée. Uniquement sur réservation :

Mosteiro de São Vicente de Fora
Largo de São Vicente
1100-572 Lisboa
Portugal
(+351)218885652
museu@patriarcado-lisboa.pt

https://www.patriarcado-lisboa.pt/site/index.php?cont_=47&tem=356